LES POPULISMES EUROPÉENS : IDENTITÉS, PRATIQUES, DISCOURS ET RESISTANCES DANS LES DÉMOCRATIES OCCIDENTALES ACTUELLES

LES POPULISMES EUROPÉENS : IDENTITÉS, PRATIQUES, DISCOURS ET RESISTANCES

DANS LES DÉMOCRATIES OCCIDENTALES ACTUELLES

18 ET 19 MARS, UNIVERSITÉ LYON 3 – JEAN MOULIN

Mot caméléon pour Pierre André Taguieff, accusation utilisée à tort et à travers selon Jan-Werner Müller[1] , vocable en caoutchouc pour son emploi désordonné pour Pierre Rosanvallon, le terme «populisme » est contradictoire : d’une part, il est porteur d’une connotation négative malgré la présence du mot « peuple », qui est pourtant l’élément indispensable à la construction de la vie démocratique[2]. D’autre part, le terme a un contenu extrêmement fluide: il est essentiellement utilisé pour stigmatiser l’adversaire, mais il exprime également un fort besoin social de reconnaissance du peuple par l’autorité publique et les « élites »[3]. Terme extrêmement usité, parfois un peu fourre-tout, il mérite alors que l’on s’arrête et que l’on prenne le temps d’en définir les contours, de mettre en relief les réalités multiples qu’il englobe. Bien que l’histoire du populisme ait des origines plus anciennes, nous nous concentrerons sur le populisme contemporain afin d’identifier ses traits distinctifs et d’explorer les similitudes et les différences entre les populismes des démocraties occidentales actuelles. 

Qu’est-ce que le populisme dans les démocraties occidentales actuelles? Si nous reprenons la catégorisation opérée par P-A. Taguieff, quels sont ceux qui se rapprochent du populisme identitaire, du populisme protestataire, rhétorique ou tradition[4]? S’agissant des populismes existant au sein des Etats membres de l’Union Européenne : leur appartenance aux groupes parlementaires au sein desquels leurs élus se rassemblent suffit-elle à les définir[5] ? Quels sont leurs fondements idéologiques et leur niveau d’ancrage dans ces différents pays ? Et surtout : comment expliquer leurs succès ?

Si nous considérons les trois éléments, définis par Pierre Rosanvallon, sur lesquels s’appuie la théorie populiste de la démocratie, nous pouvons nous interroger sur quelle est la place que les populismes contemporains accordent aux formes de démocratie directe, quelle est leur position vis-à-vis des autorités non-élues (comme par exemple les cours constitutionnelles), et enfin comment ils exaltent une conception immédiate et spontanée de l’expression populaire. Dans le sillage de Jan-Werner Müller, nous nous attacherons à définir quelles sont leurs définitions du « vrai peuple »[6] dont les populistes affirment défendre les intérêts, et quels sont ces ennemis contre lesquels ils prétendent lutter. Où en est-on de l’exercice du pouvoir ? Dans certains pays ils l’exercent déjà, dans d’autres ils en sont aux portes, alors que dans d’autres encore ces partis ne sont encore qu’émergeants. Là où le populisme est parvenu à occuper le pouvoir, quelles sont ses pratiques ? En quoi représentent-ils une menace pour ces démocraties ? Enfin, « que faire des populismes ?», pour reprendre le titre de l’ouvrage de Joël Gaubert[7]. Comment les discours populistes et leurs politiques là où elles sont mises en place, sont-elles combattues, contestés ou contrecarrés ?

Ce colloque a donc pour vocation de rassembler enseignants-chercheurs et étudiants autour du populisme, qui de toute évidence, est un sujet d’une actualité politique prégnante. Plusieurs journalistes suivant de près ces partis viendront également partager leur expérience du terrain et leurs analyses. Le colloque ne prétend pas faire une description exhaustive des populismes existants dans les aires linguistiques qui nous intéressent. Il est plutôt pensé pour conduire à en avoir une vision plus claire, dans ses invariants et ses nuances, et d’éviter tout raccourcis ou amalgames.

Dans le cadre de l’organisation du colloque, nous lançons un appel à communication pour combler des lacunes sur certains pays. Nous recherchons particulièrement des communications pour les pays suivants :

  • Allemagne
  • Autriche
  • France
  • Grèce
  • Pologne
  • Portugal

Axes de réflexion possibles :

  • Les spécificités nationales du populisme dans les pays mentionnés
  • La montée des leaders populistes et leur impact sur les institutions démocratiques
  • Populisme et crise économique/politique
  • Médias, réseaux sociaux et populisme
  • Populisme et relations internationales
  • Analyse comparative des populismes

 

 

Modalités de soumission

Les chercheurs intéressés sont invités à soumettre un résumé de 300 à 500 mots décrivant leur proposition de communication avant le 15 novembre 2024. Les propositions doivent s’inscrire dans l’un des axes mentionnés ci-dessus ou dans une thématique connexe. Nous acceptons également les propositions interdisciplinaires.

 

Informations à inclure dans la soumission :

  • Titre de la communication
  • Résumé (300-500 mots)
  • Nom, affiliation et adresse électronique de l’auteur
  • Brève bio-bibliographie (150 mots)

Date limite de soumission des résumés :

Les soumissions doivent être envoyées aux adresses suivantes:

carolina.simoncini@univ-lyon3.fr

virginie.robleda-sudre@univ-lyon3.fr

charlotte.moge@univ-lyon3.fr

 

Notification d’acceptation : 16 novembre 2024

 

Pour toute question ou information complémentaire, n’hésitez pas à nous contacter :

Carolina Simoncini, Maîtresse de conférences en études italiennes : carolina.simoncini@univ-lyon3.fr 

Virginie Robleda Sudre, Maîtresse de conférences en études hispaniques : virginie.robleda-sudre@univ-lyon3.fr

Charlotte Moge, Maîtresse de conférences en études italiennes : charlotte.moge@univ-lyon3.fr

 

 

[1] MÜLLER Jan-Werner, Qu’est-ce que le populisme, Paris, Folio essais, 2016, p.11.

[2] ROSANVALLON Pierre, Le siècle du populisme, [Ebook],Paris, Edition du Seuil, 2020.

[3] ROSANVALLON Pierre, ibidem

[4] TAGUIEFF Pierre-André, L’illusion populiste, Paris, Flammarion, 2007, chapitre 5.

[5] Pour rappel, Identité et Démocratie regroupe le Rassemblement National, La Lega italienne et l’AfD allemande ; Réformistes et Conservateurs européens rassemble entre autres le parti espagnol VOX et le PiS polonais ; à l’heure où nous rédigeons ce texte, Viktor Orbán vient de lancer un nouveau groupe, Patriotes pour l’Europe bientôt rejoint par le RN).

[6] MÜLLER Jan-Werner, Qu’est-ce que le populisme, op.cit. p.23.

[7] GAUBERT Joël, Malaise dans la démocratie contemporaine. Que faire du populisme ?, Éditions Kimé, « Philosophie politique », 2021


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