Décès de Marie Anne Rubat du Mérac

Décès de Marie Anne Rubat du Mérac (Université d’Aix Marseille)

Un témoignage de Georges Ulysse

 

Marie Anne Rubat du Mérac a laissé dans la peine, le 31 janvier, ses proches, ses amis, ses collègues et ceux de ses anciens étudiants qui ont appris cette triste nouvelle.

J’ai fait sa connaissance en 1961, année où nous avons tous les deux passé l’agrégation, puis elle m’a remplacé au lycée Marcel Pagnol de Marseille, en 1964, quand j’ai été nommé à Aix, où elle m’a retrouvé, en 1967, pour y enseigner pendant trente ans.

Son rôle a été essentiel notamment pour la préparation à l’agrégation, la direction de mémoires sur la littérature contemporaine (en particulier sur Calvino, Bassani, Malaparte, Elsa Morante, Anna Maria Ortese et Pavese) et de thèses dont celles de nos collègues Sophie Nezri (Primo Levi : un univers juif marqué par la Shoah) et Judith Obert (Les fantastiques dans la littérature italienne des années 1980 et 1990 : rupture ou continuité ?). Son doctorat d’État (Lamennais et l’Italie), préparé sous la direction de Pierre Antonetti, puis les recherches menées dans ce domaine font autorité auprès des centres menaisiens avec lesquels elle n’a cessé de collaborer, mais tout aussi importante est sa contribution à la recherche italienne, comme le montre la liste de ses publications, qu’on trouve en annexe au volume d’Actes publié à l’occasion de son départ à la retraite (Italies, n°3, Femmes italiennes, 1999).

Sa connaissance approfondie de l’Église et du catholicisme européen en pleine crise idéologique et politique à l’époque de Lamennais (1782-1854), bouleversée par le malstrom révolutionnaire que l’on sait, enrichissait de façon originale sa culture d’italianiste stricto sensu, lui permettant d’analyser en connaissance de cause cette vertigineuse période historique et de résister à la tentation de donner de la Papauté et des milieux religieux une image qui manque parfois de précision et de nuances.

Avec le décès de Marie Anne Rubat du Mérac disparaît une grande italianiste qui laisse à ceux qui ont eu le privilège de la connaître le souvenir ému de sa personnalité attachante. Comment oublier sa distinction naturelle, sa perspicacité, sa finesse, son amabilité, sa culture et l’enrichissement intellectuel et humain qu’apportait sa fréquentation ?

Georges Ulysse (auquel se joignent ses anciens étudiants et ses collègues aixois)


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