Paralipomènes à la Batrachomyomachie: réédition de la traduction de Perle Abbrugiati

On imagine mal Leopardi échafauder le scénario d’un dessin animé. C’est pourtant ce qu’il fait en élaborant vers 1835 une suite à un texte antique, la Batrachomyomachie, qui parodiait l’Iliade en faisant s’affronter les rats et les grenouilles. Ces Paralipomènes, ou Supplément au Combat des rats et des grenouilles, font la satire des Italiens et des Autrichiens du XIXe siècle, et à travers eux de toute droite et de toute gauche politiques. Parodie d’épopée, fable amère, satire et conte philosophique, ce poème inclassable conduit le lecteur de champs de bataille désertés en conciliabules pseudo-démocratiques, pour l’emmener enfin jusqu’en enfer. La veine métaphysique d’un Leopardi plus que jamais désenchanté prend alors le dessus sur la verve du pastiche et fait de ce texte le testament philosophique du chantre de « l’infinie vanité de tout ». Le texte montre le bras de fer de la démocratie contre la force : le ridicule des rats progressistes, face aux crabes autoritaires et odieux venus en renfort aux côtés des grenouilles, fait rire jaune, tandis que le message d’outre-tombe éclaire de dérision toute initiative historique. Les Paralipomènes sont ainsi l’une des premières voix de l’Absurde. Perle Abbrugiati en a proposé la première traduction française en 2005, en alexandrins. Cette réédition bilingue propose pour chaque chant une introduction synthétique. Une présentation générale donne les directions de lecture essentielles pour (re)découvrir un Leopardi singulier.


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