Nuto Revelli, Les deux guerres

 Vient de paraître:

Nuto Revelli, Les deux guerres, Preface de Maurice Aymard, traduit de l’italien par Vincent d’Orlando, Cahiers de l’Hôtel de Galliffet, 2020.

 

On connaît la formule de Perec à propos de « l’Histoire avec sa grande Hache ». L’écrivain français est aussi l’auteur d’un récit intitulé Je me souviens où il redonne vie aux objets de son enfance. Dans Les deux guerres, Nuto Revelli s’inscrit sous cette double égide en relatant le second conflit mondial à partir de ses souvenirs d’officier de l’armée italienne. C’est un témoin qui raconte pour dessiner une sorte de cartographie géographique et mentale d’une jeunesse sacrifiée. La force du livre de Revelli tient à son statut de vérité que nul pathos ou jugement moral ne dévie jamais de la volonté principale de l’auteur, exprimée en clôture de l’ouvrage : « Pourquoi ai-je voulu revivre mes années fascistes, mes années de guerre et de résistance ? Parce que je crois en la jeunesse et parce que je veux que les jeunes sachent ». À la fois journal de bord, enquête, essai d’historien, autobiographie intime et générationnelle, le livre de Nuto Revelli est le pendant documenté et précis d’une tradition du récit de guerre bien ancrée en Italie avec des romanciers tels que Mario Rigoni Stern (Le Sergent dans la neige), Beppe Fenoglio (La Guerre sur les collines) ou Mario Tobino (Le Désert de Libye). Comme eux, Revelli  dévoile l’absurdité et la folie d’un système militaire, compromis avec le fascisme, qui a broyé les plus fragiles et permis à certains autres d’entrer par réaction dans la Résistance, l’autre guerre du titre, choisie, elle, et fondée sur un engagement éthique profond et cohérent. Lire aujourd’hui son témoignage, c’est comprendre que les guerres ne se valent pas et que la mémoire des tragédies historiques, si elle ne se rigidifie pas en devoir imposé, demeure le garant du combat contre le retour de la bête immonde.  

Nuto Revelli (1919-2004) est un écrivain italien qui a puisé la matière de ses récits, essentiellement autobiographiques, dans son expérience de soldat et de Résistant. Elève officier à l’Académie de Modène, combattant lors de la seconde guerre mondiale dans la prestigieuse troupe des chasseurs alpins, entré dans la Résistance en 43, il quitte l’armée à la fin du conflit mais n’abandonnera jamais cette période de sa vie en devenant le gardien d’une mémoire nourrie par la collectes de témoignages et l’écriture de ses propres souvenirs de soldat : Mai tardi. Diario di un alpino in Russia (1946), La guerra dei poveri (1962) ou La strada del Davai (1966), non traduits en français. L’autre grand thème de son œuvre touche la vie des paysans de sa région natale de Cuneo dans le Piémont : Le Monde des vaincus (1980 pour la traduction française) ou L’anello forte (1985, non traduit). Infatigable passeur de ces années dramatiques et attaché à l’idée de transmission, Revelli a tenu des cours et de nombreuses conférences sur la seconde guerre mondiale et la Résistance. Son action est aujourd’hui rappelée et poursuivie par la Fondation qui porte son nom et a son siège dans sa ville natale.

 

 

 


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