Nicolas Machiavel, La Clizia

Nicolas Machiavel, La Clizia,

Introduction, traduction et notes de Fanélie Viallon,

Neuville, Chemins de tr@verse, Coll. « Chemins it@liques », 2013, 96p.

 

Fanélie Viallon nous propose dans ce volume numérique une nouvelle traduction de la Clizia de Machiavel, précédée d’une longue introduction présentant tant le contexte de création et les hypothèses historiques concernant l’écriture de la comédie que les choix de traduction. Cette introduction est l’occasion de retracer la carrière théâtrale de Machiavel tout en l’insérant dans les événements politiques de son temps.La dimension historique et le rapport de la fable avec les événements contemporains à l’écriture, en particulier les guerres d’Italie, mènent à une réflexion sur la dimension autobiographique de l’œuvre, sans tomber cependant dans la recherche systématique d’une adéquation entre biographie et fiction théâtrale. Cette mise en contexte historique est également l’occasion de souligner la différence de ton d’avec la Mandragore ; car cette édition apparaît bien, avant tout, comme naissant d’une volonté de réhabilitation de la Clizia. Cette pièce semble en effet avoir toujours été lue à l’ombre de la première, tant lors de sa création que par les lecteurs récents, peut-être arrêtés par une tradition de traduction trop littéraire et peu théâtrale.


Après ces considérations historico-biographiques, Fanélie Viallon cite pour le rappeler le modèle plautinien de la Casina qui a servi de point de départ à l’écriture de la Clizia, mais surtout cela lui permet de mettre le texte en réseau avec les réflexions théâtrales de l’époque (en particulier avec les expérimentations de Bibbiena et de l’Arioste). S’en suit une réflexion sur le concept d’imitation, que l’on aurait voulu plus développée, car elle met en avant le concept fondamental de la littérature de la Renaissance, parfois difficile à cerner pour le lecteur moderne. Dans cette réflexion s’insère la lecture du personnage de Cléandre, mis en résonance avec l’attitude prônée par Machiavel pour le Prince. Ces considérations sur Cléandre, protagoniste souvent laissé de côté, sont d’une part un exemple de cette volonté de réhabilitation de la pièce, mais d’autre part démontrent surtout la présence dans le texte de l’autre concept clé de la littérature de l’époque, le pendant de l’imitatio : la varietas. Cléandre, par la distance que prend Machiavel face au modèle antique, est l’incarnation de la variation dans l’imitation, terme non cité par Viallon, mais qui, dans sa réflexion, apparaît en filigrane et permet de comprendre le rapport complexe des écrivains de la renaissance aux modèles antiques ou récents. C’est dans cette tension entre imitation et variation que se situent les réflexions de Fanélie Viallon sur la traduction de la comédie. Après un nécessaire résumé de la tradition philologique et des différentes et peu nombreuses éditions italiennes de la Clizia, elle rappelle également la chronologie des traductions de la comédie en français et se confronte en particulier à la version de Christian Bec, face auquel elle n’hésite pas à se poser pour en souligner certaines limites, en particulier l’absence de théâtralité du texte. Le parti pris de traduction de F. Viallon s’insère dans les tendances actuelles et tente de dépasser l’apparent paradoxe de la traduction contemporaine de textes anciens : la volonté de rester au plus proche du texte source, dans un respect fidèle à la philologie, tout en s’autorisant de s’en éloigner puisque le but est la perception que le lecteur/spectateur aura du texte cible. C’est dans cette tension que se situe également la réflexion sur l’homogénéité du texte traduit : F. Viallon souligne à plusieurs reprises sa volonté d’homogénéité qui l’entraîne à entrer dans d’intéressants débats de traductologie (autour de la notion de « mots rayonnants », par exemple, tirée de Peter Brook), mais cette homogénéité n’en devient cependant pas automatique comme le montre les choix de traduction des noms de personnages (tous traduits en français, sauf le personnage éponyme, pour respecter à la fois la tradition éditoriale et la perception du lecteur moderne de cette tradition).Enfin ne pouvait manquer la réflexion sur la langue chez Machiavel, mais une réflexion qui s’éloigne des poncifs de la « question de la langue » à la Renaissance. F. Viallon cherche à comprendre les enjeux de la langue florentine pour la comédie, sa dimension tant politique que dramaturgique. Et une nouvelle fois, force est de constater la rencontre de l’imitation (l’insertion de la langue de Machiavel dans ce que Viallon appelle « La langue de la farce », à savoir le langage comique propre à la beffa et qui, d’ailleurs, n’est pas nécessairement théâtral) et de la variation (dans une partie consacrée à « la langue pratique de Machiavel »).Il résulte de toutes ces réflexions une traduction de la Clizia dynamique, parfois presque trop moderne, qui permet de souligner le caractère irrévérencieux de la pièce. Le lecteur sent une vibration de la langue, une pulsation du texte français, qui sert le rythme effréné de la pièce, dans la Florence agitée du XVIe siècle. La relative absence de profondeur psychologique de ces personnages, qui pourraient être une gageure pour les metteurs en scène modernes, se présente en réalité comme le point de cette frénésie, dans ce tourbillon des scènes et de répliques brèves, que la traduction française, fluide, n’interrompt jamais, et qui donnent au lecteur la mesure des changements et des variations du pouvoir de la Florence machiavélienne.

Stéphane Miglierina

Université de Paris-Sorbonne

 

Fanélie Viallon propone, in questo volume in formato digitale, una nuova traduzione della Clizia di Machiavelli, preceduta da una lunga introduzione che presenta sia il contesto di creazione e le ipotesi storiche riguardanti la scrittura della commedia che le scelte di traduzione. Quest’introduzione offre l’opportunità di delineare la carriera teatrale di Machiavelli, inscrivendola negli eventi politici del suo tempo.La dimensione storica ed il rapporto della fabula con gli eventi contemporanei alla scrittura, in particolare le guerre d’Italia, conducono ad una riflessione sulla dimensione autobiografica dell’opera, senza tuttavia cadere nella ricerca sistematica di un adeguamento tra biografia e finzione teatrale. Tale contestualizzazione storica è anche l’occasione per sottolineare la differenza di tono rispetto alla Madragora: quest’edizione nasce, prima di tutto, da una volontà di riabilitazione della Clizia. Pare infatti che quest’ultima sia stata letta sempre all’ombra della prima, sia al momento della sua creazione che da parte dei lettori recenti, forse frenati da una tradizione di traduzioni troppo letterarie e poco teatrali.Dopo queste considerazioni storico-biografiche, Fanélie Viallon cita, per ricordarlo, il modello plautino della Casina, che servì da punto di partenza per la scrittura della Clizia. Questo riferimento le permette soprattutto di collegare il testo alle riflessioni teatrali dell’epoca, in particolare alle sperimentazioni del Bibbiena e dell’Ariosto. Segue una riflessione sul concetto di imitazione, che avremmo voluto più sviluppata poiché evidenzia il concetto fondamentale della letteratura del Rinascimento, a volte difficilmente decifrabile per il lettore moderno. In tale riflessione si inserisce la lettura del personaggio di Cleandro, posta in risonanza con l’atteggiamento predicato da Macchiavelli per il Principe. Queste considerazioni su Cleandro, protagonista lasciato spesso da parte, da un lato sono un esempio della volontà di riabilitare la commedia, ma dall’altro dimostrano soprattutto la presenza nel testo dell’altro concetto chiave della letteratura dell’epoca, l’equivalente dell’imitatio: la varietas. Cleandro, a causa della distanza che Machiavelli prende rispetto al modello antico, è l’incarnazione della variazione nell’imitazione, termine non menzionato da Fanélie Viallon ma che, nella sua riflessione, appare in filigrana e permette di capire il complesso rapporto tra gli scrittori del Rinascimento e i modelli antichi o recenti.Proprio in questa tensione tra imitazione e variazione si situano le riflessioni di Fanélie Viallon sulla traduzione della commedia. Dopo un necessario riassunto della tradizione filologica e delle differenti e poco numerose edizioni italiane della Clizia, Viallon ricorda inoltre la cronologia delle traduzioni francesi della commedia, e si confronta in particolare alla versione di Christian Bec, di fronte alla quale non esita a soffermarsi e sottolinearne alcuni limiti, in particolare l’assenza di teatralità del testo. La scelta di traduzione di F. Viallon si inserisce tra le tendenze attuali e tenta di superare l’apparente paradosso della traduzione contemporanea di testi antichi: la volontà di restare il più vicino possibile al testo di partenza, in un rispetto fedele alla filologia, ma concedendosi di allontanarsene poiché lo scopo è la percezione che il lettore/spettatore avrà del testo di arrivo.In questa tensione si trova anche la riflessione sull’omogeneità del testo tradotto: Viallon sottolinea a più riprese la sua volontà di omogeneità, che la conduce ad entrare in interessanti dibattiti di traduttologia (attorno alla nozione di “parole radiose”, per esempio, tratta da Peter Brook), ma tale omogeneità non diventa tuttavia automatica, come dimostrato dalle scelte di traduzione dei nomi dei personaggi (tutti tradotti in francese, tranne il personaggio eponimo, per rispettare sia la tradizione editoriale che la percezione del lettore moderno di tale tradizione).Non poteva infine mancare la riflessione sulla lingua di Machiavelli, ma una riflessione che si allontana dagli stereotipi della “questione linguistica” del Rinascimento. Viallon cerca di capire l’implicazione della lingua fiorentina nella commedia, la sua dimensione tanto politica quanto drammaturgica. E di nuovo, si deve constatare l’incontro tra l’imitazione (l’inserimento della lingua di Machiavelli in quella che Viallon chiama “la lingua della farsa”, cioè il linguaggio comico proprio alla beffa e che, d’altronde, non è necessariamente teatrale) e la variazione (in una parte consacrata alla “lingua pratica di Machiavelli”).Il risultato di tutte queste riflessioni è una traduzione della Clizia dinamica, a volte quasi troppo moderna, che permette di sottolineare il carattere irriverente della commedia. Il lettore sente una vibrazione della lingua, una pulsazione del testo francese che restituisce il ritmo sfrenato della commedia nell’agitata Firenze del xvi secolo. La relativa assenza di profondità psicologica di questi personaggi, che potrebbero essere una sfida per i registi moderni, si presenta in realtà come l’apice di tale frenesia, nel turbine di scene e repliche brevi che la traduzione francese, fluida, non interrompe mai, e rende al lettore l’ampiezza dei cambiamenti e delle variazioni di potere della Firenze machiavelliana. TraduzioneAlessandra Cerioli


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