Antonio Porta, Les Rapports
Antonio Porta
Les rapports
Traduit de l’italien par Caroline Zekri
Préface d’Alessandro De Francesco
Postface de Judith Balso
Le regard dans le miroir scrute l’inexistence,
les poils du sourcil multiplient en labyrinthe,
l’œil dans la vitre reflète l’absence, dans la masse
les cheveux, perruque temporaire, troublent les mains :
tombent sur les joues.
L’inquiétude prolongée met en évidence
l’infini mortel des pores dilatés,
aventure extrême d’un objet qui se maquille,
choisit une direction inconsciente ou folle.
Derrière le lavabo le corps en oscillation
évite l’éblouissement, révoltante présence,
indicatrice et éclairante, dans la chambre à vide
parmi les plumes tourbillonne, l’étouffement.
Antonio Porta (1935-1989) : l’un des poètes Novissimi de la néo-avant-garde italienne et l’un des fondateurs du Grippo 63, avec notamment Edoardo Sanguineti et Nanni Balestrini. Il publie Les rapports, son premier recueil important, en 1966. Sa poésie, expérimentale et novatrice, en augmentant l’écart entre l’écriture et le code, travaille à réduire la distance entre le langage et le réel. L’œuvre d’Antonio Porta est aussi puissante et importante que méconnue en France. Les rapports est son premier livre traduit en français.