Vie de F. Rubè

 

Vie de Filippo Rubè, traduit de l’italien, préfacé et annoté par Muriel Gallot, Gallimard, coll. L’Imaginaire, 2015.


 

 

 

En republiant dans la collection de L’Imaginaire la traduction de Rubè  (Vie de Filippo Rubè) de G. A. Borgese, qui avait paru en 1995 à L’Arpenteur, les éditions Gallimard lui donnent le statut d’un classique que l’Italie ne lui a pas encore vraiment attribué. L’écrivain (1882-1954) eut d’abord la renommée d’un critique subtil et de professeur brillant, avant que ne paraisse son grand roman Rubè, en 1921, principalement situé pendant et après le première guerre mondiale. Le séjour universitaire de l’auteur aux États-Unis en 1931, que son refus de prêter serment au régime fasciste, confirmé par une lettre à Mussolini en 1933, rendit définitif,  le coupa de l’Italie jusqu’à son retour en 1948. Le roman fut réédité en 1946, à une époque où s’épanouissait le néo-réalisme, dont il ne possédait aucune des caractéristiques. Ce livre, où se profile le malaise des intellectuels dans la période préfasciste – ce que lui reconnut Mario Isnenghi dans son livre capital Il mito della grande guerra da Marinetti a Malaparte » (1970) – dérouta, car c’était aussi un grand roman d’amour et de mort, à l’écriture flamboyante, peuplé de femmes et de paysages, qu’on a pu rapprocher de L’Adieu aux armes d’Hemingway  et pourquoi pas de Mrs Dalloway dont il annonce la profusion des images, voire même les épisodes hallucinatoires du soldat Septimus, victime du shell chock. L’éloignement permit à Borgese d’écrire Goliath, the march of fascism (1937), toujours d’actualité, qui ne fut traduit en italien qu’en 1946.  On peut ranger maintenant la Vie de Filippo Rubè parmi les grands classiques italiens de L’Imaginaire, comme Pirandello, Bassani, Svevo, Sciascia, car notre époque permet de ne plus enfermer les livres dans des catégories trop étroites.


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