Michel-Ange – Correspondance
Edition complète et bilingue. Présentation, traduction et commentaire d’Adelin Fiorato. Texte critique italien de Giovanni Poggi, Paola Barocchi, Renzo Ristori. Paris, Les Belles Lettres, 2 tomes.
Les deux volumes de ce coffret contiennent la première édition française et la première traduction complètes de la Correspondance connue de Michel-Ange. Titan de la création artistique, le peintre-sculpteur-architecte, et poète, a été aussi un inlassable épistolier : 518 lettres nous sont parvenues — s’étendant de sa prime jeunesse jusqu’à la veille de sa mort. Mais les milliers de missives, éditées, de ses correspondants laissent présumer que le corpus effectif a dû être beaucoup plus abondant.
Ecrites en une langue florentine familière et dans un style d’un « réalisme » minimaliste — ce qui n’empêche ni de fougueuses envolées polémiques, ni des pages de recherche littéraire — ces lettres portent essentiellement sur des sujets familiaux : relations au jour le jour (affectueuses ou hargneuses) avec ses parents, questions financières ou immobilières, et surtout matrimoniales, en vue du mariage de son neveu Leonardo, seul héritier de la famille Buonarroti, etc. Mais on y découvre aussi la délicatesse des sentiments de chaleureuse amitié et d’amour de l’artiste, ses échanges poétiques, ses rapports, souvent conflictuels, avec ses confrères, ses rivaux ou ses commanditaires.
Si la Correspondance n’élucide guère la conception de l’art ou l’épiphanie des œuvres de Michel-Ange, elle a l’avantage d’illustrer certains aspects abscons de l’histoire de ses créations, ainsi que de sa personnalité : à la fois mélancolique et agressive, singulière et plurielle, étonnamment unitaire et prolifiquement multiple. Cette correspondance foisonnante présente ainsi un intérêt pour ainsi dire génétique : elle dévoile la face cachée du concepteur et créateur de génie, de l’artiste et entrepreneur aux prises avec des obstacles dont le dépassement laborieux rend possible la création.