Beccaria et Voltaire
Raymond Abbrugiati, Beccaria et Voltaire. Philosophie des Lumières et justice pénale, Aix-en-Provence, PUP, 2022, 110 p., 7 euros.
« Je commence à lire aujourd’hui le livre italien Des Délits et des peines. À vue de pays, cela me paraît philosophique ; l’auteur est un frère » (Voltaire, Lettre à Damilaville, automne 1765). L’auteur-frère est Cesare Beccaria – à peine 27 ans et encore inconnu –, dont le livre Des délits et des peines, paru en 1764, propose une magistrale application de la philosophie des Lumières au domaine de la justice pénale. On connaît l’engagement de Voltaire sur ce terrain, notamment à l’occasion, dès 1762, de l’affaire Calas qui l’amène à publier en 1763 son Traité sur la tolérance. Séduit par la précision conceptuelle et le talent littéraire de Beccaria, Voltaire publie bientôt son Commentaire sur le livre Des délits et des peines. Il termine une lettre à Beccaria de mai 1768 par ces termes chaleureux : « Que n’ai-je pu, Monsieur, avoir l’honneur de vous voir, de vous embrasser, j’ose dire de pleurer avec vous ! J’ai du moins la consolation de vous dire à quel point je vous estime, je vous aime, et vous respecte ». La caution du vétéran des Lumières (Voltaire a alors plus de 70 ans) assure au livre et à son jeune auteur un grand succès européen. Il s’agit, dans cet ouvrage, de comparer la pensée des deux hommes, sur le plan proprement philosophique et sur celui des applications pénales. Sur fond de grandes affinités émerge l’originalité de Beccaria.
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