Carlo Gozzi, « La Principessa Filosofa o sia il controveleno » / « La Princesse philosophe ou le contrepoison »

Carlo Gozzi, La Principessa Filosofa o sia il controveleno, La Princesse philosophe ou le contrepoison, Les Belles Lettres, bibliothèque italienne, Collection dirigée par Yves Hersant et Nuccio Ordine, septembre 2017, ouvrage publié avec le du soutien du Caer et de l’Université d’Aix-Marseille. Introduction et traduction de Brigitte Urbani.

L’ouvrage est important puisque, de l’œuvre de Carlo Gozzi, la postérité n’a guère retenu que les fables et Les Mémoires inutiles en oubliant trop vite les tragi-comédies et « les drames à l’espagnole » qu’on peut lire dans les seules éditions des œuvres complètes de Gozzi publiées du vivant de l’auteur : l’édition Colombani (8 volumes) et l’édition Zanardi (14 volumes). On doit donc se féliciter de pouvoir lire aujourd’hui la première traduction française de La Princesse Philosophe ou le contrepoison dans une édition bilingue destinée à la fois aux italianisants et aux spécialistes du théâtre.


Dans une longue introduction, claire et érudite, Brigitte Urbani qui s’est déjà intéressée aux réécritures du théâtre espagnol du siècle d’or en Italie et en France, retrace la genèse de La Princesse Philosophe. La comédie développe le thème de la femme orgueilleuse qui, bien qu’elle prétende mépriser l’amour et le mariage, ne peut s’empêcher de conquérir le cœur de qui est indifférent à ses charmes. La source immédiate de Gozzi est la pièce de Moreto El desden con el desden (1654). Un noble amoureux, repoussé par celle qu’il doit épouser, feint d’ignorer sa beauté. La femme, blessée par le mépris dont elle fait l’objet, veut séduire celui qui la dédaigne. Elle se prend à son propre jeu et doit enfin avouer son amour. Le sujet convient au théâtre puisque chaque personnage doit jouer un rôle qui l’oblige à affecter une indifférence qu’il n’éprouve pas. Comme l’Armande de Molière, c’est au nom de la philosophie que Teodora, la princesse, affiche son dégoût du mariage. Cela permet à Gozzi de se moquer des Lumières auxquelles il oppose le bon sens et l’ironie de Giannetto, serviteur qui prétend guérir Teodora de sa prédilection pour le célibat.

La traduction d’une pièce de théâtre vieille de plus de deux siècles est une entreprise difficile. La langue est en effet toujours ancrée dans un contexte culturel qui n’est plus celui du public d’aujourd’hui. Deux autres difficultés se présentent dans le cas de La Princesse Philosophe : les personnages nobles parlent en vers alors que Giannetto – bien que la comédie se déroule à Barcelone – s’exprime en vénitien. On ne peut résoudre la complexité résultant de l’usage de registres linguistiques aussi différents par l’application de règles théoriques. L’art du traducteur est de trouver un équilibre harmonieux entre des exigences contradictoires. Les lecteurs de la traduction prendront connaissance de la version française avec plaisir : la langue qu’ils liront n’est pas désuète, elle pourrait être dite par des acteurs et décalque cependant, autant qu’il est possible, le texte original pour le bonheur de ceux qui voudront connaître mieux les idées politiques et morales du rival de Goldoni.

On saura donc gré aux éditions Les Belles Lettres et à Brigitte Urbani de proposer au public français (et peut-être italien) une comédie de Gozzi qui met en évidence la plurivocité et les incertitudes qui caractérisent l’illuminisme vénitien.

Claude Imberty

Université de Bourgogne

 

 

Carlo Gozzi, La Principessa Filosofa o sia il controveleno, La Princesse philosophe ou le contrepoison, Les Belles Lettres, bibliothèque italienne, collana diretta da Yves Hersant e Nuccio Ordine, settembre 2017, volume pubblicato grazie al sostegno del Caer e dell’Université d’Aix-Marseille. Introduzione e traduzione di Brigitte Urbani.

Il volume è di fondamentale importanza perché dell’intera produzione di Carlo Gozzi, i posteri hanno considerato soltanto le Fiabe teatrali e le Memorie inutili, dimenticando le tragicommedie e i « drammi spagnoli » che possiamo leggere solo nelle edizioni delle opere complete di Gozzi, pubblicate di suo vivente: l’edizione Colombani (8 volumi) e l’edizione Zanardi (14 volumi). Dobbiamo quindi rallegrarci di poter leggere oggi la prima traduzione francese de La Principessa Filosofa o sia il controveleno in un’edizione bilingue destinata non solo agli italianisti ma anche agli specialisti del teatro.

In una lunga e accurata introduzione Brigitte Urbani, già interessata alle riscritture del teatro spagnolo del Siglo de Oro in Italia e in Francia, ripercorre la genesi de La Principessa Filosofa. La commedia sviluppa il tema della donna orgogliosa che, nonostante finga di disprezzare l’amore e il matrimonio, non riesce a fare a meno di conquistare il cuore di chi resta indifferente al suo fascino. La primaria fonte ispiratrice di Gozzi è l’opera di Moreto El desden con el desden (1654), in cui un nobile innamorato viene respinto dalla sua promessa sposa, e finge allora di ignorarne la bellezza. La donna, ferita da questa scarsa considerazione, decide di sedurre colui che la disdegna. Vittima del suo stesso gioco, confessa infine il suo amore. Questo tema è particolarmente adatto al teatro poiché ogni personaggio deve fingere un’indifferenza che non gli appartiene. Come l’Armande di Molière, è nel nome della filosofia che Teodora, la principessa, esprime il suo ribrezzo verso il matrimonio. Questo permette a Gozzi di prendersi gioco degli Illuministi, al cui pensiero contrappone il buon senso e l’ironia di Giannetto, il servo che aspira a guarire Teodora dalla sua predilezione per il celibato.

Tradurre un’opera teatrale risalente a oltre due secoli fa rappresenta un’impresa difficile. La lingua utilizzata è legata a un contesto culturale che non è più quello del pubblico odierno. Nel caso de La Principessa Filosofa si presentano altre due difficoltà: i personaggi nobili parlano in versi, mentre Giannetto – nonostante la commedia si svolga a Barcellona – si esprime in veneziano. Non è possibile risolvere la complessità della scelta di registri linguistici così diversi con una semplice applicazione di regole teoriche. L’arte del traduttore consiste nel saper trovare un equilibrio armonioso tra esigenze contraddittorie. Fortunatamente i lettori possono scoprire una versione francese non obsoleta, utilizzabile da eventuali attori, e che ciononostante per quanto possibile riesce a riprodurre il testo originale, per la felicità di chi desidera conoscere meglio le idee politiche e morali del rivale di Goldoni.

Dobbiamo quindi essere grati alle edizioni Les Belles Lettres e a Brigitte Urbani per aver proposto al pubblico francese (e perché no, anche italiano) una commedia di Gozzi che mette in rilievo la plurivocità e le perplessità che caratterizzano l’illuminismo veneziano.

Traduction de Francesca Pero 


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