Dans le bouillonnement de la création. Le monde mis en scène par Curzio Malaparte

Vient de paraître : Aurélie Manzano, Dans le bouillonnement de la création. Le monde mis en scène par Curzio Malaparte, Paris, PUPS, 18 euros.


Journaliste, essayiste, prosateur, poète, romancier mais aussi à ses heures réalisateur, photographe ou architecte, Curzio Malaparte (1898-1957) reste, malgré un succès public durable qui dépasse largement les frontières italiennes, un oublié de l’histoire littéraire du xxe siècle. S’il suscite actuellement un regain d’intérêt, c’est surtout dans la mesure où sa participation aux deux guerres mondiales ainsi que sa trajectoire du fascisme au communisme et au catholicisme en font le miroir des contradictions de son temps. Or, est-ce bien là son principal mérite ? Aurélie Manzano propose un parcours à la fois chronologique et thématique dans l’œuvre malapartienne en s’appuyant sur l’analyse du rapport entre l’univers et la page écrite. La curiosité insatiable que l’écrivain projette sur le monde qui l’entoure dégénère, au contact de l’événement-guerre, en plongée macabre dans les atrocités de l’histoire. Les pages cruelles et hallucinées de Kaputt (1944) ou de La Pelle (1949) marquent l’apogée d’une écriture qui voudrait rendre compte de la réalité tout en refusant de s’en satisfaire. Face au visage décevant de l’histoire, Malaparte échafaude un rêve de « recommencement » à la fois individuel (grâce au « mythe de l’auto-engendrement ») et collectif (dans une perspective eschatologique), mais ne renonce jamais définitivement à poursuivre dans le monde cette quête désespérée de sens qui nous le rend si proche.


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