Monographie Bassani spécial concours
Vient de paraître, aux Presses Universitaires de Provence (PUP),
l’ouvrage de
Sophie Nezri-Dufour,
Giorgio Bassani: prisonnier du passé, gardien de la mémoire,
Collection 1, 7 euros.
Ouvrage destiné aux candidats au CAPES et à l’Agrégation
L’œuvre romanesque de Bassani, Le roman de Ferrare, naît d’une expérience personnelle et historique directement liée aux lois raciales de 1938. Parallèlement à la Résistance, l’écriture se présente très vite à lui comme une réponse et une arme à la dictature fasciste. Et au lendemain de la guerre, elle répond à son besoin impérieux et presque vital d’exprimer et de dénoncer ce qui a eu lieu.
Bassani est un écrivain engagé : face aux événements difficilement descriptibles que l’Italie et les juifs italiens ont vécu, il choisit un type d’écriture sans concessions qui se caractérise cependant par la pudeur, l’ironie, sans toutefois taire les responsabilités de chacun, notamment d’une Ferrare bourgeoise, lâche, réactionnaire, emblématique d’une Italie qui n’a pas su dire non à la dictature et à la persécution de ses juifs.
Cependant, au-delà de la dénonciation historique, la dimension littéraire du Roman de Ferrare est également centrale. Retraçant minutieusement des destins individuels, Bassani offre aussi du passé une vision métaphorisée destinée à cristalliser définitivement une époque qu’il ne veut pas voir disparaître. La beauté de son écriture mémorielle éminemment poétique ainsi que sa volonté de réélaboration du chaos destinée à redonner un sens aux choses, se présente comme une réponse à la violence d’une Histoire cruelle et absurde.
Son œuvre n’en est pas moins dépourvue de questionnements sur l’absurdité de la vie. Ses héros expriment en effet toute une série de questions qui, au lendemain de la Shoah, remettent en cause une civilisation occidentale qui s’est totalement fourvoyée.