Vies d’écrivains, vies d’artistes
Matteo Residori, Hélène Tropé, Danielle Boillet et Marie-Madeleine Fragonard (eds.)
Presses Sorbonne Nouvelle
D’où naît l’intérêt, qui nous semble aujourd’hui si naturel, pour la biographie des écrivains et des artistes ? Quels en sont les enjeux et les finalités, pour promouvoir quelles valeurs, pour contrer quelles résistances ? La floraison à la Renaissance des Vies consacrées à des figures d’artistes et d’écrivains ne peut que retenir l’attention. Au sein d’un genre traditionnellement réservé aux puissants ou aux saints, prises certes dans la gangue du mythe ou de la légende, recueillant fragments et anecdotes, procédant à coups d’occultations et d’altérations pratiquées de bonne ou de mauvaise foi, les Vies de poètes et d’artistes constituent de fait un efficace instrument de combat dans ce qui donne corps à la vie ordinaire de la création littéraire et artistique. Comment la diffusion de ces Vies contribue-t-elle à la légitimation, voire à l’héroïsation du génie créateur ? Telle est l’interrogation qui fonde la dynamique de ce volume dont l’enquête s’inscrit dans le vaste champ géographique et historique que constituent l’Espagne, la France et l’Italie considérées de l’Humanisme aux Lumières, sur trois siècles.
À la suite d’Écrire des vies. Espagne, France, Italie, XVIe-XVIIIe siècles (PSN 2012), cet ensemble de dix-neuf études analyse le rôle que ce type de discours a pu jouer dans l’affirmation moderne des « auteurs » ou des « créateurs », mais aussi des langues et des nations, et en éclaire les moments décisifs.