Un maître caché. Étude du léopardisme de Montale
Ouvrage de Fabrice De Poli
Lyon, Chemins de tr@verse, Coll. Chemins it@liques, 2014, 437p.
Cette étude vise à démontrer sur un large corpus l’influence profonde de Giacomo Leopardi – « génie » poétique salué par Musset, « véritable penseur » salué par Nietzsche – sur l’un des poètes majeurs du xxème siècle italien, Eugenio Montale, prix Nobel de littérature en 1975. Le critique Oreste Macrì estimait en 1996 qu’il n’existait encore aucun écrit qui ait mis au jour pour la poésie de Montale la fondamentale « leçon de Leopardi ». Plus de quinze après, c’est le constat de ce manque qui a produit le présent ouvrage. Partant des hypothèses avancées par la critique sur le rôle fondamental de cette influence « non avouée » et « cachée » dans les mailles des textes, puis analysant le rapport ambigu à Leopardi qui transparaît dans la prose critique et la correspondance de Montale, l’étude fait ressortir, à travers cinq grandes thématiques (l’aridité, le temps, le mal, la connaissance, l’affect), les traces de cette filiation. Au moyen d’une analyse intertextuelle qui porte sur tous les aspects des œuvres et du texte et qui conduit à confronter non seulement des passages poétiques mais des poèmes entiers des deux poètes, l’étude montre que Montale puise une part essentielle de son inspiration dans toutes les facettes de l’œuvre leopardienne (poétique, narrative ou philosophique) et que cette influence concerne aussi bien les aspects thématiques et conceptuels que les différents aspects formels de la poésie (du lexique, de la versification et du rythme jusqu’à la structuration des poèmes). L’étude met en relief l’importance idéologique du modèle leopardien en soulignant la profonde communauté de pensée qui lie les deux esprits mais aussi la manière dont Montale, tout en s’inspirant du pessimisme de son aîné, cherche à dépasser la révolte et la colère qui caractérisaient celui-ci.